L'envoi des 6.000 fusils accordés par le roi à la garde nationale parisienne ne se fera pas dans la discrétion.
Sur le Rapport fait à l’Assemblée par M. de la Jard, Aide-Major-général, d’une Lettre écrite à M. le Commandant-Général Lafayette, par le Ministre de la guerre, M. le Comte de la Tour-du-Pin, en date du 20 Novembre dernier, l'Assemblée a arrêté que cette Lettre serait imprimée & affichée partout où besoin serait, au nombre de mille exemplaires.
Dois-je vous dire encore que l'orthographe est d'époque ? 😉
Voici l'affiche, suivie de la retranscription du texte :
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Source : Paris Musées |
ASSEMBLEE
DES REPRESENTANS
DE LA COMMUNE DE PARIS.
LETTRE de M. le Comte DE LA TOUR-DU-PIN,
à M. le Marquis DE LA FAYETTE, sur les six mille Fusils
que le Roi a accordés à la Ville de Paris.
Paris, le 20 Novembre 1789.
Le Directeur d'Artillerie qui est à Maubeuge, m'annonçant,
Monsieur, qu'il est en état de faire la délivrance des 6,000 Fusils que le Roi
a accordés à la Ville de Paris, pour le Service de la Garde Nationale, j'ai
l'honneur de vous prévenir que, d'après les ordres que je donne, le Convoi de
ces Armes, exécuté par cent quarante chevaux d'Artillerie, partira de Maubeuge,
le premier Décembre prochain, & arrivera le huit suivant à Compiègne, où
vous voudrez bien faire rendre un Détachement de ladite Garde Nationale, pour
remplacer l'Escorte des cinquante Chasseurs du Régiment de Languedoc, qui
retournera, de ladite Place de Compiègne, à Maubeuge. Alors la Division d’Artillerie
marchera, sous les ordres du Commandant de ladite Garde, jusqu’à Paris, où elle
séjournera deux jours, afin de laisser le temps de déballer les 6.000 Fusils,
& de rendre, au Conducteur de ladite Division, toutes les Caisses qui les
contiennent ; après quoi elle retournera dans ses Quartiers avec les
Voitures & Chevaux qui auront servi au Convoi.
A ces 6.000 Fusils, j’en ai fait joindre 400 autres, dont
100 pour la Ville de Senlis, 100 pour Corbeil, & 100 pour Fontainebleau ;
cette première partie sera remise, en passant à Senlis, à la Municipalité, par
le Conducteur en Chef de la Division d’Artillerie : je vous prie d’en
prévenir le Commandant de l’Escorte Parisienne, afin qu’il ne mette point d’obstacle
à cette délivrance.
Quant aux deux autres parties d’Armes, destinées pour
Corbeil & Fontainebleau, je recommande à vos bons offices de tenir la main
à ce qu’elles demeurent en dépôt à Paris, jusqu’à ce qu’elles soient réclamées
par les Officiers Municipaux de ces Villes, qui sont, en conséquence, prévenus
de s’adresser à vous pour les retirer.
Il y a encore dans le Convoi une Caisse de différents
modèles de fusils, anciens & nouveaux, marqués à mon adresse. Je vous prie
d’autoriser le Conducteur de la Division à la faire conduire chez moi, à l’Hôtel
de Marigny, Place du Louvres.
Je vous préviens au surplus que les Individus & Chevaux
formant la Division d’Artillerie, recevront l’Etape en Route & à Paris,
pendant les deux jours de séjour que je lui donne. Ce double séjour a pour objet
de laisser le temps de débaler les 6.000 Fusils qui vous sont destinés, afin de
rendre au Conducteur de la Division toutes les Caisses qui les contiennent,
& qu’il fera reporter sur les voitures à Douais : c’est un objet que
je vous prie de prendre en considération.
Lorsque cette division pourra retourner dans les Quartiers,
je ferai remettre routes particulières à celui qui la commandera.
J’ai l’honneur d’être, avec un très parfait attachement,
Monsieur, votre très humble & obéissant serviteur.
Signé, LATOUR DU PIN.
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Jean Frédéric de La Tour-du-Pin |
Extrait du Procès-Verbal de l’Assemblée générale.
Du Mercredi 2 Décembre 1789.
Sur le Rapport fait à l’Assemblée par M. de la Jard, Aide-Major-général,
d’une Lettre écrite à M. le Commandant-Général, par M. le Comte de la
Tour-du-Pin, en date du 20 Novembre dernier,
L'Assemblée a arrêté que cette Lettre seroit imprimée &
affichée par tout où besoin sera, au nombre de mille exemplaires.
Signé, De Sémonville, Président; Bertolio & Benoist,
Secrétaires.
" De l'imprimerie de LOTTIN l'aîné, & LOTTIN de
S.-Germain, Imprimeurs-Libraires Ordinaires de la VILLE, rue S.-André-des-Arcs.
(N° 27) 1789 "
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Je vous remercie pour ce commentaire.
Bien cordialement
Bertrand