mardi 29 septembre 2020

29 Septembre 1789 : L’Assemblée « invite » l’Eglise à donner son argenterie « non nécessaire pour la décence du culte »

 

Calice du 18ème siècle

    Souvenez-vous, le 26 septembre, le baron de Jessé avait de nouveau évoqué la possibilité de demander à l’Eglise de céder une partie de ses richesses afin d’aider à rembourser la dette de l’Etat. Une petite partie d’ailleurs, puisqu’il ne s’agissait que de l’argenterie « non nécessaire pour la décence du culte. »

    L’archevêque de Paris, M. Le Clerc de Juigné, archevêque de Paris, avait même fort aimablement répondu à ce souhait :

"Messieurs, nous avons vu l'Eglise consentir au dépouillement des temples pour secourir les pauvres et pour subvenir aux besoins de l'Etat ; ces exemples que nous offre l'histoire nous déterminent, au moins c'est le vœu de tous les confrères qui m'environnent, de soutenir l'Etat par la portion de l'argenterie qui n'est pas nécessaire à la décence du culte divin. Je propose de faire ce dépouillement de concert avec les officiers municipaux, les curés et les chapitres."

 

Boites pour huile sainte
18ème siècle

    Ce mardi 29 septembre, lors de la séance du soir, le président ayant rappelé l'Assemblée à l'ordre du jour, on continue la discussion sur la motion tendant à faire transporter à l'hôtel des monnaies l’argenterie des églises.

Un membre du clergé propose un autre projet de décret sur le même objet.

Après quelques discussions, on présente plusieurs amendements. La question principale consiste à savoir si l'Assemblée votera ou ordonnera le transport de la vaisselle.

M. le Président interroge le vœu de l'Assemblée sur la continuation de la discussion, et il est décidé qu'elle est fermée.

On réclame la question préalable ; l'Assemblée la rejette.

On établit ensuite la question de priorité entre deux différentes rédactions.

Le vœu de l'Assemblée est consulté ; l'épreuve paraît deux fois douteuse. L'auteur de la seconde rédaction se retire, et un membre propose, pour simplifier la question, de demander à l'Assemblée de décider simplement si elle veut inviter ou ordonner. Elle décide qu'elle invitera.

On fait ensuite lecture du seul projet resté sur le bureau et de plusieurs amendements ; quelques-uns sont retirés, un est rejeté, et le décret est ensuite porté en ces termes :

"Sur la proposition d'un des membres de l'Assemblée et sur l'adhésion de plusieurs membres du clergé, l'Assemblée nationale invite les évêques, curés, chapitres, supérieurs de maisons et communautés religieuses de l'un et de l'autre sexe, municipalités, fabriques et confréries, de faire porter à l'hôtel des monnaies le plus prochain toute l'argenterie des églises, fabriques, chapelles et confréries, qui ne sera pas nécessaire pour la décence du culte".

 

    J'ai trouvé les 2 photos de pièces d'argent datant du 18ème siècle qui illustre cet article, sur le site du musée de Bretagne. Quelque chose me dit que nos amis bretons ne se sont pas précipités pour donner les vaisselles d'argent du culte. Cela dit sans malice ! 😉

    Quand bien même serait-ce le cas, pourrait-on leur en vouloir ? Je pense qu'il serait temps que je consacre un article expliquant d'où venait cette abyssale dette de la France ?



Sources :

https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1877_num_9_1_5068_t1_0213_0000_8

https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1877_num_9_1_5068_t1_0213_0000_10

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Bien cordialement
Bertrand