Article mis à jour le 10 septembre 2024
![]() |
Place du Palais, à Rennes, en 1726 Lire l'addendum en fin de l'article concernant son incendie en 1994. |
Encore et toujours le débat sur le véto !
Ce 10 septembre, l’Assemblée nationale continue de débattre
sur le droit de véto royal, ce droit pour le roi de refuser ou suspendre
l’application d’une loi votée par l’Assemblée nationale.
Aujourd’hui, on y a lu un arrêté de la ville de Rennes qui a fait un grand scandale, du fait que
celui-ci jugeait inadmissible le veto royal, arguant que le pouvoir législatif
appartenait à la nation, et qu’il déclarait « ennemis de la patrie »
tous ceux qui contesteraient ces principes.
Monsieur l’abbé Maury s’est emporté contre cet arrêté, l’a taxé de véritable proscription et demandé qu'on le renvoie à cette municipalité avec des marques d'improbation.
![]() |
L'abbé Maury |
« Pour deux raisons : la première, et c’est la meilleure, c’est qu’elle m’enlève mes bénéfices ; la seconde, c’est que, depuis trente ans, j’ai trouvé les hommes si méchants, en particulier et pris un à un, que je n’attends rien de bon d’eux en public et pris collectivement. »
On comprend en effet, qu’il voyait les hommes à son image (ce qui est un travers commun à beaucoup). Raison pour laquelle il en avait une si piètre opinion.
![]() |
M. Le Chapelier s’est exprimé en ces termes :
« La question que vous agitez me force de prendre la parole pour deux raisons : d'abord, parce qu'en ma qualité de député de Rennes, je dois rejeter deux avis dangereux à la commune que j'ai l'honneur de représenter ; je suis ici son défenseur, et vous ne la condamnerez certainement pas sans entendre sa justification.
L'adresse qu'elle vous a envoyée ne doit d'abord pas être qualifiée d'absurde ; elle ne renferme que des sentiments, que des principes qui ont été professés dans cette Assemblée. Vous les avez entendus dans la bouche de M. l'abbé Sieyès, et quand un membre déclare l'acte qui les renferme absurde, ce n'est que son opinion qu'il oppose à celle d'une grande cité et à une partie de cette Assemblée ; ce qui me fait croire que ce n'est pas à lui à la qualifier d'absurde.
L'adresse ne doit pas encore être regardée comme peu respectueuse, parce que l'on ne doit pas s'arrêter aux termes. La dignité de l'Assemblée est toujours la même, elle est au-dessus de toute atteinte. Quant aux proscriptions dont on a parlé, comment peut-on supposer que ce soit là l'esprit de l'arrêté ?
Ce n'était certainement pas là l'intention des citoyens de Rennes, qui, dans tous les temps, ont bien mérité de la patrie. »
Mais la justification de Le Chapelier n’a fait aucune impression.
Source : : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1875_num_8_1_4962_t2_0606_0000_10
Hommage à un Marquis d'exception
Un mot sur l’aimable Louis Marie, marquis d'Estourmel qui donna son tour de parler à Le Chapelier.
Colonel du régiment de Pologne-cavalerie, il avait été promu maréchal de camp le 1er janvier 1784. Il avait été membre de l'assemblée des notables de 1787, puis il avait été élu député de la Noblesse aux États Généraux. Après la séparation de l'Assemblée constituante dont il avait été député, il sera nommé inspecteur général des armées et promu général de division le 6 février 1792. Accusé par Adam Philippe de Custine d'avoir mal interprété ses ordres et d'avoir retiré ses troupes des revers des Vosges, empêchant la réussite d'une opération. Il sera emprisonné quelques semaines. Mais le 26 mai 1793, la Convention nationale décrètera qu'il n'y avait pas lieu de l'inculper car il put prouver qu'il n’avait fait qu’obéir aux ordres du général Pully. Il servira avec honneur sous l’empire et finira paisiblement sa vie sous Louis XVIII qui le fera même Chevalier de la Légion d’Honneur.
Je pense que cet homme respectable méritait d’être mentionné dans cette chronique de la Révolution.
![]() |
Louis Marie, marquis d'Estourmel |
L'incendie du Parlement de Rennes en 1994.
Le palais du Parlement de Bretagne a été en grande
partie détruit par un incendie dans la nuit du 4 au 5
février 1994 suite à une manifestation de pêcheurs. Plusieurs fusées de
détresse furent lancées à proximité du palais peu avant la fin de ladite
manifestation. L'une d'entre elles brisa une ardoise et se retrouva dans
la charpente…
Les circonstances de l’incendie, malgré le non-lieu issu de
l'enquête, restent encore obscures. Mais en 2016 Gérard Gautier, un conseiller
régional, « libre de toute contrainte émanant d’un parti politique »,
fit paraître un livre, Parlement Bretagne Feu mal éteint, fruit de son
enquête personnelle sur le sujet, où il mit en doute la version officielle des
faits et souligna les zones d'ombre. Ainsi, le Parlement de Bretagne abritant
le palais de Justice où se trouvait le bureau du juge Renaud Van Ruymbeke,
l'incendie arrivait fort à point pour anéantir le dossier délicat des projets
immobiliers impliquant la corruption de personnalités politiques par des
promoteurs.
Il demanda la réouverture du dossier d'instruction, car "aux yeux de certains observateurs, beaucoup de questions restaient en
suspens : pourquoi l'État n'a-t-il pas déposé plainte ? Pourquoi n'y
a-t-il pas eu d'enquête administrative ? Pourquoi le maire de Rennes à
l'époque ne s'était-il pas constitué partie civile ?"
(Source Wikipédia)
Le Parlement de Bretagne a été reconstruit grâce à vos impôts...
Deux poids deux mesures...
Cet incendie et la passivité du Gouvernement ensuite, ainsi que les nombreux saccages causés par la
FNSEA depuis 60 ans lors de manifestations paysannes, sont à comparer avec l’acharnement du
gouvernement actuel contre l’association des Soulèvements de la Terre en lutte
contre les mégabassines destinées à accaparer l’eau par une technique absurde de
stockage à l’air libre. Absurde parce que pénalisée par la très forte
évaporation due au réchauffement climatique (jusqu'à 60% de pertes !). Il y a 2000 ans, les Romains moins
stupides créaient des citernes souterraines.
A gauche, citerne romaine de Fermo, à droite une invraisemblable mégabassine en Charente.
Lire cet article 😉 : 60 ans d'actions violentes, faut-il dissoudre la FNSEA ?
Cet addendum constitue une digression, je le reconnais. Veuillez m'en excuser.
Bertrand Tièche
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Je vous remercie pour ce commentaire.
Bien cordialement
Bertrand