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Place du Palais, à Rennes, en 1726 |
Ce 10 septembre, l’Assemblée nationale continue de débattre
sur le droit de véto royal, ce droit pour le roi de refuser ou suspendre
l’application d’une loi votée par l’Assemblée nationale.
Aujourd’hui, on y a lu un arrêté de la ville de Rennes qui a fait un grand scandale, du fait que
celui-ci jugeait inadmissible le veto royal, arguant que le pouvoir législatif
appartenait à la nation, et qu’il déclarait « ennemis de la patrie »
tous ceux qui contesteraient ces principes.
Monsieur l’abbé Maury s’est emporté contre cet arrêté, l’a
taxé de véritable proscription et demandé qu'on le renvoie à cette municipalité
avec des marques d'improbation.
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L'abbé Maury |
« Pour deux raisons : la première, et c’est la meilleure, c’est qu’elle m’enlève mes bénéfices ; la seconde, c’est que, depuis trente ans, j’ai trouvé les hommes si méchants, en particulier et pris un à un, que je n’attends rien de bon d’eux en public et pris collectivement.»
On comprend en effet, qu’il voyait les hommes à son image. Raison pour laquelle il en avait une si piètre opinion.
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M. Le Chapelier s’est exprimé en ces termes :
« La question que vous agitez me force de prendre la parole pour deux raisons : d'abord, parce qu'en ma qualité de député de Rennes, je dois rejeter deux avis dangereux à la commune que j'ai l'honneur de représenter ; je suis ici son défenseur, et vous ne la condamnerez certainement pas sans entendre sa justification.
L'adresse qu'elle vous a envoyée ne doit d'abord pas être qualifiée d'absurde ; elle ne renferme que des sentiments, que des principes qui ont été professés dans cette Assemblée. Vous les avez entendus dans la bouche de M. l'abbé Sieyès, et quand un membre déclare l'acte qui les renferme absurde, ce n'est que son opinion qu'il oppose à celle d'une grande cité et à une partie de cette Assemblée ; ce qui me fait croire que ce n'est pas à lui à la qualifier d'absurde.
L'adresse ne doit pas encore être regardée comme peu respectueuse, parce que l'on ne doit pas s'arrêter aux termes. La dignité de l'Assemblée est toujours la même, elle est au-dessus de toute atteinte. Quant aux proscriptions dont on a parlé, comment peut-on supposer que ce soit là l'esprit de l'arrêté ?
Ce n'était certainement pas là l'intention des citoyens de Rennes, qui, dans tous les temps, ont bien mérité de la patrie. »
Mais la justification de Le Chapelier n’a fait aucune impression.
Source : : https://www.persee.fr/doc/arcpa_0000-0000_1875_num_8_1_4962_t2_0606_0000_10
Un mot sur l’aimable Louis Marie, marquis d'Estourmel qui
donna son tour de parler à Le Chapelier. Colonel du régiment de
Pologne-cavalerie, il avait été promu maréchal de camp le 1er janvier
1784. Il avait été membre de l'assemblée des notables de 1787, puis il avait
été élu député de la Noblesse aux Etats Généraux. Après la séparation de l'Assemblée
constituante dont il avait été député, il sera nommé inspecteur général
des armées et promu général de division le 6 février 1792. Accusé
par Adam Philippe de Custine d'avoir mal interprété ses ordres et
d'avoir retiré ses troupes des revers des Vosges, empêchant la réussite d'une
opération. Il sera emprisonné quelques semaines. Mais le 26 mai 1793, la
Convention nationale décrètera qu'il n'y avait pas lieu de l'inculper car il put
prouver qu'il n’avait fait qu’obéir aux ordres du général Pully. Il servira avec
honneur sous l’empire et finira paisiblement sa vie sous Louis XVIII qui le
fera même Chevalier de la Légion d’Honneur.
Je pense que cet homme respectable méritait d’être mentionné
dans cette chronique de la Révolution.
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Louis Marie, marquis d'Estourmel |
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Je vous remercie pour ce commentaire.
Bien cordialement
Bertrand